Define : tricot

Le tricot est une technique utilisée pour fabriquer une étoffe à partir d'un fil. Le tricot est constitué de boucles, appelées mailles, passées l'une dans l'autre.
Pour vous donner une meilleure idées de tout ca, vous pouvez regarder le schéma d'un tricot sur Wikimedia commons

Les mailles

Il existe plusieurs sortes de mailles, mais les plus connues/utilisées sont :

Déjà, avec ça, vous êtes paré·e·s pour tricoter un bon paquet de trucs : écharpes, pulls, bonnets, châles...

La logique

Comment ça marche ?

Globalement, c'est toujours plus ou moins le même processus :

  • Choisir des aiguilles à tricoter et un type de fil ou de laine
  • Monter un certain nombre de mailles
  • Tricoter les rangs (une suite de mailles)
  • Fermer l’ouvrage/le tricot
  • Rentrer les fils : parce que c'est moins joli quand les fils dépassent

On a donc des variables

  • Taille & type de fil
  • Taille des aiguilles
  • Taille de l’ouvrage (le nombre de mailles à tricoter au départ sera différent si le pull que vous tricotez est en XS ou XL)
  • Façon de tricoter : à plat ou circulaire . Aujourd'hui on va se concentrer sur du tricot à plat, c'est à dire avec deux aiguilles à tricoter, tout simplement. Il est possible de tricoter en rond avec des aiguilles circulaires (les deux aiguilles sont reliées par un cable), c'est particulièrement pratique pour tricoter des bonnets, des snoods ou des objets tubulaires. 

On a un langage standard

Utilisé par les personnes qui tricotent depuis des décennies, il existe un langage normé pour lister les instructions nécessaires à la réalisation d'un tricot :

  • CO - cast on
  • BO - bind of
  • k - knit
  • p - purl
  • k2tog - knit 2 together
  • m1 - make one 
  • EON - end of needle
  • EOR - end of row
  • yo - yarn over
  • RS - right side
  • WS - wrong side
  • Repeat from *

On a des boucles 

En tricotant des mailles de manière répétitive, on obtient une texture de tricot, qui en plus d'avoir un rendu visuel spécifique, a aussi des propriétés. (les exemples suivants se basent sur un nombre de mailles pair au départ)

exemple des 4 boucles tricotées, expliquées ci-dessous

Point mousse (en haut à gauche)

All rows : k

Juste de la maille endroit, tout le temps.
Le tricot créé est plutôt épais est s'étire à la verticale.

Point jersey (en bas à gauche)

Row 1 : k

Row 2 : p

Un rang en maille endroit, un rang en maille envers.
Le tricot est moins épais que le précédent et a tendance à rouler sur lui même. C'est ce type de tricot qui est utilisé pour la maille de la plupart des t-shirts ou pulls.

Côtes 1/1 (en haut à droite)

Row 1 : k1, p1

Row 2 : p1, k1

Un rang en alternance maille endroit/maille envers ; un rang en maille envers/maille endroit.
Le tricot est plutôt épais et s'étire à l'horizontal. Ce tricot est utilisé pour rendre le bord d'un bonnet élastique et on retrouve les côtes sur l'extrémité des manches de pulls/hoodies.

Point de riz (en bas à droite)

Row 1 : k1, p1

Row 2 : k1, p1

Sur chaque rang, on alterne maille endroit puis maille envers. C'est au final un peu comme les côtes 1/1, mais on décale juste d'une maille.
Le rendu est vraiment super joli, ne roule pas, et ne se déforme pas. Si jamais vous voulez faire une couverture, ce point est parfait.

On a des patterns (patrons, en français)

Il existe de nombreux sites et blogs qui proposent des patterns gratuits ou payants, mais la plus grosse communauté de tricot se trouve sur le site ravelry.com.

Certains patterns permettent une utilisation commerciale, d'autres non.

On retrouve aussi des réutilisations de patterns et même des évolutions, voire des améliorations. Par exemple, j'avais tricoté une écharpe avec de belles torsades, vraiment jolie, mais seulement d'un côté. En suivant les conseils de copines tricoteuses, j'ai découvert un autre pattern, basé sur ce dernier, mais avec des modifications permettant d'obtenir des jolies torsades recto/verso.

Allez, je vous montre à quoi ça ressemble, un pattern. Prenons en exemple cette jolie écharpe avec des jolies torsades d'un seul côté :

CO 42st
Row 1. (WS) K2, P2, K2, P6, K2, P2, K2, P6, K2, P2, K2, P6, K2, P2, K2

Row 2. (RS) K4, P2, K6, P2, K2, P2, K6, P2, K2, P2, K6, P2, K4

Row 3. (WS) repeat row 1

Row 4. (RS) repeat row 2

Row 5. (WS) repeat row 1.

Row 6. (RS) repeat row 2.

Row 7. (WS) repeat row 1.

Row 8. (RS) K4, P2, C6F, P2, K2, P2, C6F, P2, K2, P2, C6F, P2, K4
Repeat these rows to desired length, ending on row 7.
BO

Variables, langage, boucles, patterns
: Ça ne vous rappelle rien ?

Un indice en bas de votre écran: il existe même des machines à tricoter programmables.

Bon je digresse un peu, mais les anciennes machines à tricoter programmables utilisaient des cartes perforées, bien avant leur utilisation pour des ordinateurs !

D'ailleurs, quand une correction devait être faite au niveau d'une perforation indésirable, on y mettait un petit bout de scotch, aussi appelé "patch". Vous connaissez désormais l'origine du mot "patch" et vous pourrez vous la péter la semaine prochaine à la machine à café avec cette culture inutile donc indispensable. Il sera tout aussi possible de sortir un rouleau de duct tape la prochaine fois que votre collègue vous demandera où en est votre patch pour le problème en cours.

Donc, où est-ce que j'en étais ?
Ah oui, ça ne vous rappelle rien, tout ça (Variables, langage, boucles, patterns
) ? 

Personellement, ces trucs là, je les ai appris à la fac, pendant mes cours de programmation.

Un exemple ?

Osgood Scard

Prenons un exemple : une fois, j'ai tricoté une écharpe beaucoup trop longue mais terriblement cool. Inspirée de l'épisode spécial des 50 ans de la série Doctor Who, je vous présente l'écharpe "Osgood scarf". Composée uniquement de côtes 1/1 dont je vous ai parlé précédemment, il suffit de changer de pelote en suivant le pattern, et de tricoter "seulement" 698 rangs.

CO 63st
Row 1: *k1, p1; repeat from* until EOR
Repeat this row for 698 rows.
BO.
 

Ça ressemble un peu à du code, non ?

Du coup en JavaScript, ça donne plus ou moins ça :

function Cotes() {
	
	for (var row = 0; row < 698; row++) {
		var currentRow = ''

		
		for(var st = 1; st <= 63; st++) {

			if (st % 2 == 1) {
				
				currentRow += knit(1)

			} else {
				currentRow += pearl(1)

			}

		}
		
		endRow(currentRow, row)
	
	}

}

C'est cool, hein ?

Au final, on peut dire que vous êtes le processeur.

Si vous comprenez les bases de la programmation 
et que pouvez répéter un mouvement avec vos mains, vous pouvez tricoter !

Mais alors, pourquoi tricoter ?

Deja, parce que ça détend et que c'est sympa, mais aussi :

  • c'est une activité manuelle ;
  • vous pouvez créer des vêtements et accessoires sur mesure, uniques et personnalisés ; 
  • en cas de survie post-apocalyptique, vous aurez au moins une compétences utile pour les hivers rudes, et au pire vous aurez de quoi vous occuper sans internet ;
  • et vous pouvez aussi crypter des données dans vos tricots. Ouais.

En effet, durant les deux guerres mondiales, des informations étaient encodées (coordonnées, heures de passages de trains, ...) dans des écharpes pour transmettre ces informations discètement sans que l'ennemi ne puisse les voir. Au final, ces écharpes étaient plutôt moches mais utiles !

Vous avez bien vu à quoi ressemblent les patterns. Pendant ces années de guerre, il était interdit d'importer ou d'exporter des patrons de tricot.

Pourquoi pas vous ?

J'ai testé pour vous : des développeur·se·s
 qui tricotent.

Il y a quelques semaines, j'ai invité des ami·e·s qui développent pour une session de tricot, histoire de tester cette théorie : "si vous savez programmer, vous savez probablement tricoter" (ou alors ça sera pas trop trop dur d'apprendre). 

Imaginez : environ deux heures, avec des pancakes et cette présentation, de la laine un peu épaisse et des grosses aiguilles (c'est mieux pour apprendre). 

Leurs a priori avant de commencer : "c'est hypnotique de te voir tricoter", "ça a l'air fastidieux", "ça a l'air trop compliqué".

Deux heures plus tard, on obtient des développeur·se·s avec le sourire et un petit échantillon de tricot, un couvre-mug/canette et un petit lapin !
Vous voyez, c'est possible :)

En projet : des tricoteur·se·s
 qui développent.

Bien évidemment, je n'ai pas l'intention de m'arrêter là, et si des gens qui développent peuvent tricoter, pourquoi pas l'inverse ? Je me lancerai dans cette session cet été, je vous tiendrai au courant !

Conclusion : ces deux mondes sont proches.  

On a plein d'exemples qui fleurissent sur le net pour faire le lien entre ces deux mondes, comme knit-a-stitch, ou même des logiciels qui scannent en 3D pour créer des tricots ultra personnalisés et sur-mesure, ou encore des exemples de machine learning pour imaginer de nouveaux patterns.

Si ça se trouve
, vos grands-parents
 savent programmer.

Ou du moins, ils ou elles comprennent au moins la logique de base de la programmation.

Si j'essaye aujourd'hui de vous montrer comme ces deux mondes ont des similitudes alors que par défaut on ne les imagine pas vraiment, c'est pour vous dire que la créativité naît des échanges de points de vue et des rencontres.

Echangez avec des personnes qui font des choses différentes et ouvrez votre esprit au nouvelles idées ! Ce n'est pas parce que votre collègue de l'équipe marketing ne développe pas ou ne fait pas de design qu'il n'a pas de bonnes idées, qu'il ne pourra pas vous aider face à un problème que vous rencontrez.

Conclusion bis : Essayez, franchement, c'est rigolo et pas si difficile que ça !

Conclusion ter : Embauchez des tricoteur·se·s ! C'est Agnès Haasser qui le dit, et elle a bien raison !